Source : TF1 Info
Neymar, la star brésilienne du Paris Saint-Germain, s’apprêterait à s’engager avec le club saoudien de Al-Hilal.
Un transfert spectaculaire de plus dans le mercato estival d’un championnat qui fascine désormais la planète foot.
Mais aussi un atout supplémentaire pour la stratégie de "soft power" de l’Arabie Saoudite, sous l’égide du controversé Mohammed ben Salmane.
C’est (peut-être) le clou final d’un mercato qui restera dans l’Histoire du football, quoi qu’il arrive. Après six saisons au Paris Saint-Germain, Neymar devrait s’engager dans les prochaines heures avec le club saoudien de Al-Hilal, un transfert qui avoisinerait les 90 millions d’euros. L’attaquant brésilien de 31 ans signerait pour deux saisons, moyennant un salaire annuel de 100 millions d’euros, ce qui ferait lui l’un des quatre joueurs les mieux payés de la planète.
Les trois autres ? Ils sont tous au générique de la nouvelle saison de la Saudi Pro League qui vient de débuter puisqu’il s’agit de Cristiano Ronaldo (Al-Nassr, 200 millions), Karim Benzema (Al-Ittihad, 200 millions) et Ngolo Kanté (Al-Ittihad, 100 millions). Approché par Al-Hilal il y a quelques semaines, le capitaine des Bleus Kylian Mbappé ne touche lui "que" 70 millions par an avec le PSG made in Qatar.
Cristiano Ronaldo en pionnier
Ces chiffres vertigineux donnent une idée de l’investissement colossal réalisé cet été par l’Arabie Saoudite pour mettre son championnat sur la carte de la planète foot. Si la sélection nationale s’est illustrée lors du récent Mondial au Qatar en battant l’Argentine de Lionel Messi au premier tour lors d'un match mémorable, sa compétition locale n’était jusqu’ici qu’une curiosité pour les amateurs du ballon rond.
À vrai dire lorsque Cristiano Ronaldo s’engage avec Al-Nassr le 30 décembre dernier, beaucoup d’observateurs raillent la fin de carrière de l’ex-Ballon d’or, sur la pente descendante après ses déboires avec Manchester United. Aurait-il en réalité fait figure de pionnier ? Depuis le début de l’été, c’est une véritable armada de stars qui est venue garnir l’effectif des clubs saoudiens. À commencer donc par Karim Benzema qui après 354 matchs sous les couleurs du Real Madrid, s’est engagé pour trois saisons avec Al-Ittihad.
Karim Benzema félicite ses coéquipiers lors de la victoire de Al-Ittihad contre Al-Raed (3-0) ce lundi 14 août. - AFP
Ces dernières semaines, il a été imité par le champion du monde français Ngolo Kanté, en provenance de Chelsea, le milieu brésilien Fabinho et son coéquipier britannique de Liverpool Jordan Henderson, le meneur de jeu croate de l’Inter Milan Marcelo Brozovic, l’attaquant sénégalais du Bayern de Munich Sadio Mané, l'Algérien Riyad Mahrez, longtemps pilier du Manchester City fraichement vainqueur de la Ligue des Champions.
Si la plupart de ces stars dépassent la trentaine, la Saudi Pro League a également attiré des joueurs plus jeunes comme Seko Fofana, 28 ans, le capitaine ivoirien du RC Lens vice-champion de France, l’attaquant franco-malien de l’Olympique Lyonnais Moussa Dembélé, 27 ans, ou encore l’ailier français de Newcastle Allan Saint-Maximin, 26 ans. De quoi faire taire les mauvaises langues qui voyaient en l’Arabie Saoudite le cimetière doré des vieilles gloires des championnats européens ? Signe de son attrait sportif, Canal + vient d’en acheter les droits pour deux saisons.
Et maintenant la Coupe du monde ?
Ce coup de force sur le mercato estival, l’Arabie Saoudite le doit à l’absence de toute contrainte économique, contrairement aux clubs européens dont les dépenses sont encadrées par les règles du Fair Play Financier édictées par la FIFA. Mais aussi à l’impulsion politique donnée par Mohammed ben Salmane, le controversé prince héritier à la tête du royaume depuis 2017.
Après avoir rouvert les salles de cinéma après trente-cinq ans d’interdiction sous la pression des religieux, il a décidé de faire du ballon rond un axe fort de l’ouverture de son pays au reste du monde. Au risque de se faire taxer de "sportwashing" par les défenseurs des Droits de l’Homme qui pointent régulièrement les discriminations envers les femmes et la communauté LGBTQ+ ?
"L'Arabie saoudite est dans une logique de puissance globale. Elle vise une place dans les premiers rangs", explique à RMC Sport Jean-Baptiste Guégan, spécialiste et professeur en géopolitique du sport. "Contrairement au Qatar, l'objectif saoudien doit être compris dans une optique plus large. Ils ne veulent pas exister ou sécuriser leur indépendance et leur souveraineté. Ils veulent peser dans les affaires du monde."
La prochaine étape de cette stratégie d’influence ? L’organisation d’une Coupe du monde de football, une potentielle candidature ayant été confiée à un cabinet américain de lobbying. Hasard ou pas, le patron de la FIFA Gianni Infantino a été reçu à Riyad en mars dernier. Objectif officiel de la visite ? "Passer en revue les domaines de coopération et des opportunités potentielles pour le développement futur du football saoudien", expliquait alors son entourage.
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