Le Canada prend finalement la tête d’une opération de coordination de l’aide internationale en Haïti, sans pour autant y mettre le pied. Le gouvernement ouvrira un bureau en République dominicaine qui aura principalement pour mandat de répondre aux besoins de la Police nationale haïtienne (PNH), la seule force de l’ordre appelée à intervenir pour rétablir la paix dans le pays.
Depuis plusieurs mois, les États-Unis mettaient de la pression pour que le Canada dirige une force multinationale pour intervenir dans ce pays des Caraïbes.
Le Canada a toujours refusé de déployer des troupes et disait plutôt rechercher une solution “par et pour les Haïtiens”.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, arrive donc avec ce compromis. Le gouvernement investit 20 millions de dollars pour ouvrir un bureau sur le territoire dominicain, qui deviendra l’interlocuteur entre la communauté internationale et les autorités haïtiennes.
L’équipe canadienne va ainsi coordonner les efforts pour fournir l'équipement, l’argent et la formation dont Haïti a tant besoin. Dans une plus petite mesure, le gouvernement maintiendra également une équipe à Port-au-Prince pour travailler avec les autorités haïtiennes.
Cette aide sera offerte aussi longtemps qu'elle sera jugée nécessaire, précise-t-on au bureau de la ministre Joly.
« C’est complètement différent que de diriger une force multinationale, ce qui serait beaucoup plus substantiel, exigeant et risqué. »
Une citation de
Henri-Paul Normandin, ambassadeur en Haïti de 2010 à 2013
Ancien ambassadeur du Canada à Port-au-Prince, Henri-Paul Normandin estime que cette solution, même si elle est moins substantielle que celle qui consisterait à diriger une force multinationale, est probablement la plus efficace à court terme. “C’est une façon concrète et pragmatique d’appuyer Haïti. L’appui à la Police nationale haïtienne, je pense que c’est la chose essentielle à faire à ce moment-ci. C'est la seule force sur le terrain qui a une certaine capacité d’intervention”, explique l’ex-diplomate.
Cependant, le compromis canadien ne risque pas de plaire au premier ministre désigné d'Haïti, Ariel Henry. Il implore les Nations unies depuis des mois de mettre en branle une force d’intervention internationale pour mettre fin aux violences qui ont fait 600 morts seulement en avril dernier, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
« Le Canada a décliné de diriger une force multinationale, alors c’est une façon pour le Canada d’assumer un leadership. »
Toutefois, la réaction du dirigeant haïtien ne devrait pas inquiéter la ministre Joly. “La demande du premier ministre Henry ne fait pas l'unanimité en Haïti, alors il y a beaucoup d’intervenants qui souhaitent que la solution soit haïtienne, dans cette philosophie d’aider les Haïtiens à solutionner leur problème”, rappelle M. Normandin.
La République dominicaine peut aussi y trouver son compte. Les tensions sont vives à la frontière avec Haïti à cause de l’arrivée massive de migrants qui vivent dans l’illégalité. “Le pays a donc avantage à ce que la situation sécuritaire et politique s’améliore chez ses voisins”, ajoute Henri-Paul Normandin.
Selon un article de Radio Canada, Avec la collaboration de Marie Chabot-Johnson
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