Le Sommet entre l'UE et la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes a mis en évidence les querelles qui opposent les deux blocs sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Un article de Fabienne Schmitt
Le Sommet entre l'Union européenne (UE) et la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac), qui s'est tenu ces deux derniers jours à Bruxelles, aura permis de renouer le dialogue entre les deux blocs qui ne s'étaient pas réunis depuis huit ans.
Mais il a aussi et surtout mis en évidence les querelles qui les opposent et le long chemin qu'il reste encore à faire pour reconstruire des relations fructueuses entre les deux régions.
Principal point de discorde, la rédaction des conclusions du Sommet concernant l'invasion de l'Ukraine par la Russie a tourné au casse-tête, avant d'accoucher d'une version très édulcorée par rapport à ce que souhaitait l'UE, à l'origine.
Bruxelles voulait une condamnation forte de cette guerre, ce à quoi se refusaient catégoriquement des pays comme Cuba, le Venezuela ou le Nicaragua, bloquant toute position dure. Au final, le Nicaragua est le seul pays à avoir refusé de soutenir la déclaration commune à l'issue du Sommet en raison du paragraphe sur l'Ukraine.
« Nous sommes extrêmement satisfaits d'avoir pu dégager une position très forte avec 60 pays et seulement un pays n'a pas pu marquer son accord pour un paragraphe », a déclaré Charles Michel, le président du Conseil européen, parlant d'un « succès » et reconnaissant « d'intenses discussions ».
Emmanuel Macron a lui souligné le rôle joué par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva dans ces pourparlers, estimant qu'il faisait « partie de ceux qui permettent de bâtir des ponts ».
Contre l'Influence chinoise
D'autres enjeux du Sommet pour l'UE portaient sur la nécessité de réduire l'emprise de la Chine, devenue le deuxième partenaire commercial de l'Amérique du Sud et aussi l'obtention de garanties sur l'accès aux matières premières essentielles pour la transition numérique et verte européenne.
A ce sujet, l'annonce par l'UE d'un objectif d'investissement de plus de 45 milliards d'euros dans la région jusqu'en 2027 vise, avant tout, à y concurrencer l'influence chinoise. Les investissements cibleront l'énergie propre, les matières premières critiques, la santé ou encore l'éducation.
L'UE a par ailleurs signé des protocoles d'accord visant à intensifier la coopération énergétique avec l'Argentine et l'Uruguay, notamment dans les énergies renouvelables et un autre avec le Chili pour « l'établissement d'un partenariat sur les chaînes de valeur durables des matières premières qui contribuera à la sécurité d'approvisionnement de l'Europe ».
Pas d'accord Mercosur - UE
En toile de fond de ce Sommet, l'accord commercial entre l'UE et les pays du Mercosur - l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay - , ne figurait pas à l'ordre du jour, mais qui était sur toutes les lèvres.
Ursula von der Leyen a rencontré à huis clos Luiz Inacio Lula da Silva, mais rien n'en est ressorti. La présidente de la Commission européenne s'est simplement déclarée « confiante » sur la possibilité d'un accord prochain.
Le Brésil est vent debout contre de récentes demandes européennes additionnelles sur le plan environnemental sur cet accord de libre-échange conclu en 2019, après vingt ans de négociations.
La France suit de très près ce dossier et fait partie des pays qui poussent fortement à l'inclusion de critères environnementaux et de durabilité et aussi pour que de mêmes règles s'appliquent aux producteurs (agriculteurs, industriels) nationaux, européens et des pays tiers.
Attendue pour ce Sommet, une contre-proposition des pays latino-américains, est désormais espérée « dans quelques semaines », au mieux cet été, selon les diplomates
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